UNE FORTERESSE DE PROVENCE ENTRE GOTHIQUE ET RENAISSANCE Édifié dans la première moitié du XVe siècle, le château de Tarascon est l’une des plus belles forteresses de France. Il est l’exemple parfait d’un édifice qui, par son architecture et ses décors, allie les styles gothique et Renaissance. Bâti sur un rocher peu élevé, à l’intersection des voies terrestres et fluviales reliant la Provence au Languedoc, le château assume le rôle de sentinelle monumentale. Il contrôle, jusqu’en 1481, la frontière politique du Rhône qui coule à ses pieds. Trait d’union entre les villes d’Avignon et d’Arles, Tarascon est, tout au long du Moyen Âge, la base territoriale d’expansion et de conquête des comtes de Barcelone puis des ducs d’Anjou, devenus comtes de Provence. Afin d’asseoir son pouvoir dans la région, Louis II, duc d’Anjou (1384-1417) et Yolande d’Aragon (1400-1417) lancent à l’automne 1400 le chantier de construction du bâtiment côté Rhône, finalement achevé en 1411. Leur fils Louis III (1417-1434) fait bâtir l’aile côté ville entre 1429 et 1434. Le maître des œuvres du roi, Jean Robert, en est l’architecte. René Ier (1434-1480), héritier du comté de Provence, prend possession du château dans son état actuel. Il porte les titres prestigieux de roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, duc d’Anjou, de Bar et de Lorraine, comte de Provence et de Forcalquier. René Ier n’effectue, dans cette demeure, que des aménagements décoratifs et de confort. À chacun de ses nombreux séjours, il en fait un lieu de rencontre, de fête et de prestige. UN LIEU D’INCARCÉRATION POUR DÉTENUS CIVILS ET MILITAIRES Siège du pouvoir régalien du comte, le château sert, dès le début, de lieu de détention. En 1480, un prisonnier catalan, partisan du roi d’Aragon, ennemi du roi René Ier, y est enfermé. Il grave, dans deux cachots, des graffiti exceptionnels de bateaux de guerre, de commerce, des motifs religieux et profanes. La fonction carcérale du château est accentuée entre 1642 et 1926. Tour à tour, le site est utilisé comme prison, maison d’arrêt et de correction. Les salles sont alors transformées en cachots collectifs ou individuels. Sous la Révolution française, les partisans de Robespierre y sont exécutés en 1795. De cette histoire, subsistent des centaines de graffiti gravés par des soldats espagnols, des marins britanniques et hollandais, témoins des guerres euro- méditerranéennes des XVIIe et XVIIIe siècles. UN MONUMENT D’EXCEPTION AU CŒUR DU PAYS D’ARLES Le château de Tarascon, du haut de ses 45 mètres, a longtemps dominé le paysage au nord d’Arles. Il est aujourd’hui détrôné par la tour de la Fondation LUMA-Arles, haute de 56 mètres, œuvre de l’architecte Frank Gehry. Il marque ainsi par sa monumentalité le paysage de ce territoire entre Alpilles et Rhône. Sa terrasse offre une vue imprenable sur le fleuve, la plaine, les Alpilles et la Montagnette. L’état de conservation remarquable du château est dû notamment aux travaux de restauration et d’entretien, qui sont conduits par plusieurs architectes des monuments historiques de l’État. Ouvert à la visite à partir de 1933, le château est, depuis 2008, la propriété de la commune de Tarascon.
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